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01/05/2013

Célestin Pégoud abandonne son aéroplane en plein vol au-dessus de Châteaufort !


Le 19 août 1913, un jeune garçon de 23 ans, Célestin Pégoud, à peine breveté pilote, s’apprête à décoller de l’aérodrome Borel situé sur le plateau de Châteaufort pour réaliser une expérience inédite : abandonner son avion en plein vol au moyen d’un nouveau système de parachute.

Bien sûr, le parachute dont on attribue l’invention théorique à Léonard de Vinci au XVe siècle a déjà été testé de nombreuses fois : Jacques Garnerin sera le premier à sauter d’un sphérique au dessus du Parc Monceau à Paris à la fin du XVIIIe siècle.
On se souvient tous de Franz Reichelt, ce tailleur d’origine autrichienne qui se tua du premier étage de la Tour Eiffel...
Un américain, Albert Berry, avait eut plus de succès le 1er mars 1912 en sautant d’un avion piloté par Janus, mais il émit des réserves quant à l’utilisation du parachute par un aviateur seul à bord d’un avion en détresse.
Pégoud va prouver qu’il se trompe !
Répondant au concours visant à améliorer la sécurité en aéroplane institué par la Ligue nationale aérienne avec un prix de 10 000 F à la clé, l’inventeur Frédéric Bonnet monte du Dauphiné pour trouver un pilote audacieux capable d’expérimenter son nouveau parachute maintenu par une plaque à l’arrière du fuselage.
Il s’adresse d’abord au Castelfortain Alexandre Ivanoff. Mais celui-ci n’est pas prêt et Bonnet se tourne vers Pégoud qu’il va trouver à Buc, chez Blériot, au matin du 5 août 1913. «Votre parachute est une merveille ! et il va sauver la vie de bon nombre de pilotes», répond Pégoud spontanément.
Mais Blériot, son employeur, est hostile à cet essai qu’il considère comme suicidaire et il n’est pas le seul : Ce 19 août 1913, sur l’aérodrome de Châteaufort, deux gendarmes et le maire, tous trois mandatés par le Préfet de Seine-et-Oise, sont venus s’y opposer formellement, quand soudain, intervient dans les négociations le propriétaire de la Geneste, M. Quesnel, qui autorise l’essai au-dessus de son domaine privé.
Et c’est ainsi que vers 18h, Pégoud s’envole à bord de son aéronef voué à être sacrifié, et se place, face au vent, à l’aplomb de la vallée de la Mérantaise. A seulement 250 m d’altitude, il déclenche son parachute qui s’ouvre sans problème et Pégoud descend tranquillement rejoindre le «plancher des vaches»...
A la surprise générale, l’avion fou alors livré à lui-même, forme dans le ciel de curieuses arabesques, semblant vouloir repousser l’instant de sa chute pourtant inéluctable.
Constatant les facéties de son appareil, Pégoud déclare alors à la presse : «Je l’ai vu faire tout seul le looping. Vous voyez donc bien que c’est possible, aussi, vais-je le tenter !».
Quelques jours plus tard, il arrivait à convaincre Louis Blériot de s’associer à lui pour mettre au point le vol «Tête en bas» qu’il réalise le 1er septembre 1913 à Viry-Châtillon et le lendemain à Buc.
Le 21 du même mois, il effectue, toujours à Buc, le premier looping maîtrisé de l’histoire et toute une série de figures acrobatiques qui allaient poser les bases de la voltige aérienne.

Passionné par la vie de ce pilote hors du commun depuis plus de 30 ans, Pascal Bouchain s’est associé à Isabelle Pasik, actuelle propriétaire du domaine de la Geneste, Gérard Finan membre du Groupe Historique de Toussus-le-Noble, concepteur du Centenaire de l’aéroport de Toussus-le-Noble en septembre 2007 et la municipalité de Châteaufort, pour commémorer le centenaire des exploits de cet aviateur autrefois très populaire mais aujourd’hui quasiment retombé dans l’oubli.

Histoire & Patrimoine

Une exposition, un concert, de nombreuses animations et démonstrations gratuites seront présentés les 14 et 15 septembre prochain à l’occasion des journées du Patrimoine au domaine de la Geneste, ainsi qu’une conférence le vendredi 13 septembre à 20h à la mairie de Châteaufort.
Nous vous y attendons nombreux !

 Pascal Bouchain